Albert Camus, boudé par l’Algérie et camisolé par la France, fut habilement évité par les intellectuels et par les universitaires, pendant " l’année de l’Algérie en France ". Voilà un bilan parlant ! Décidément nous ne sommes pas encore mûrs pour les véritables et franches confrontations. Mais le plus troublant, n’est pas dans le fait que l’Algérie continue à le renier ou à l’assassiner post-mortem. Nous n’avons pas encore réussi à édifier cette tant espérée démocratie pour nous mettre à l’abri des Caligula et des Néron. Ce qui est incompréhensible semble être le déni de reconnaissance de la France. Par frilosité ou par complaisance elle a tourné le dos au père de l’Etranger, à l’exilé de la manifestation où il aurait dû avoir le premier rôle, lui le visionnaire. N’avait-il pas osé dire qu’il préférait une fédération Nord-Sud à une Union Nord-Nord. Camus dérange-t-il tant en France ? Pourquoi avait-il crié gare à l’identitarisme et à 1’européocentrisme ? Voilà que monte la confrontation des communautarismes identitaires que n’arrive ni à contenir ni à juguler la culture citoyenne.